Les Ghillies — Dominique Janvier
Les Ghillies
Venus d’un autre monde — soudainement, mais comme depuis toujours. Ils hantent, cachés, de leur présence magique, parfois inquiétante, un paysage; ils en sont le génie: désert, océan, forêt, dune. Ghillies, esprits timides et malicieux, échappés d’une mythologie galloise et là, sur un autre hémisphère, en Nouvelle-Galles justement, immensément grandis, dès lors géants, mais invisibles. Sauf à ceux, comme Polixeni Papapetrou, qui veulent les voir et pour qui, alors, ils s’attardent, s’arrêtent, se cachent, reviennent, posent, disparaissent. Et peut-être, au fil de leurs métamorphoses, bousculent-ils par leurs enchantements, ces paysages sur lesquels mystérieusement ils règnent. Au gré de leurs facéties, c’est le désert, soudainement, qui devient océan; le buisson, rocher et le sel, sable; la souche, pierre; la forét, chaos de roches. C’est alors, et à chaque fois, un paysage vierge qui se découvre, s’empare du regard, et l’envoûte par un nouveau charme.
Dominique Janvier, September 2014
The Ghillies
Having come from another world— suddenly, but as if since always! They haunt the landscape, hidden, with their magical, sometimes disturbing, presence; they are the genius of the landscape: desert, ocean, forest, dune. Ghillies, shy and mischievous spirits escaping from a Welsh mythology and arising there, in another hemisphere, in fact in New South Wales, immensely enlarged, thenceforth giants, but invisible. Except for those, like Polixeni Papapetrou, who want to see them and for whom they then linger, stop, hide, return, pose, disappear. And maybe, throughout their metamorphoses, these landscapes over which they rule mysteriously jostle with their enchantments. By the whim of their pranks, the desert suddenly becomes ocean; the bush rock and the salt sand; the stump becomes stone; the woods the chaos of rocks. It’s then and at all times a virgin landscape that unfolds itself and seizes and bewitches the gaze with an unknown charm.
English translation, Robert Nelson